Gestern war wieder einer dieser viel zu seltenen Abende, an denen man Frankreich und die Franzosen einfach nur lieben kann. Im kleinen Resto im Dorf um die Ecke gabs eine „Soireé poésie“. Vor, beim und nach dem Essen (und Trinken, bien entendu!) trugen Herren gesetzten Alters, denen man (vom Aussehen her) bei uns in D nicht mehr Literarisches als das Lesen der B**D -Zeitung unterstellen würde, Poeme ihres Lieblingsdichters „Bernard Dimey“:http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dimey vor.
Goutez moi ca:
Je vais me foutre à l’eau
Il paraît que je bois, que je bois trop souvent.
J’aime le Juliénas et le Côte-Rôtie
Le Chirouble et l’Brouilly et le Moulin-àVent,
Ces liquides affreux qui vous gâchent la vie,
Il paraît que j’en bois très exagérément,
C’est peut-être pour ça que je perds la mémoire.
Le Pommard, le Morgon et le petit Cahors,
Il paraît qu’à mon âge on a bien tort d’en boire,
Je n’ai plus qu’un moyen pour éviter la mort,Demain je vais me foutre à l’eau,
Je ne sais pas encore laquelle,
Peut-être bien l’eau de Vittel
Ou la Contrex ou la Badoit.
Pour qu’enfin ma vie soit plus belle,
Je vais me foutre à l’eau pour toi.Le Muscadet qu’on lèche à sept heure du matin
Avec les plâtriers ou les meneurs de viande,
Ce Traminer d’onze heure que m’offre les putains
Avant que j’aie le temps de passer la commande,
Histoire avant midi de se remettre en train,
Sans parler du whisky, du fin et de la fine
Qu’on écluse la nuit dans les cabarets chics
Avec des créatures échappées des vitrines
Qui vous laissent sans force à l’aurore et sans fric.Demain je vais me foutre à l’eau.
Dès que j’aurai choisi laquelle
J’irai tout doux m’y fair‘ la belle,
Mais ni Contrex ni Badoit,
C’est trop sophistiqué pour moi,
J’en garderai un verr‘ pour toi.